Hagoromo (羽衣 Le manteau de plumes) est une des pièces du répertoire nô japonais.

Nous sommes sur le rivage de Miwo, une étendue aride plantée de pins, tout près de « la route ventée des vagues ». Un pêcheur quitte sa barque, remonte la plage, conscient d’ « un ciel vide et vibrant de musique » et d’ « une beauté à transporter l’esprit au-delà de lui-même », avant de voir un manteau de plumes d’une beauté stupéfiante […].

Les Cygnes Sauvages, Kenneth White cite Ezra Pound

C’est une pièce – un seul acte – sur la perte et la redécouverte d’un chemin.

Hagoromo illustre le thème traditionnel de la femme-cygne.

Le mythe fondateur de la femme-animal date a minima du paléolithique supérieur et se retrouve en Afrique, en Eurasie, aux Amériques et jusqu’en Australie. Sous les formes variées de femme-cygne, femme-bison, femme-âne, « la pensée mythique, à travers d’immenses espaces où la géologie, le climat, la faune, la flore ne sont pas les mêmes, sait préserver, retrouver des zoèmes – espèces animales nanties d’une fonction sémantique – permettant de garder invariante la forme de ses opérations. » (Claude Lévi-Strauss, La Potière Jalouse)

Hagoromo, l’exposition :

Formes de papier, de laine, de lunaire annuelle, signes contrastés tracés d’un geste vif, tout ici est corps et absence de corps. Le corps marquant le vide, corps manquant, évocation des plumes, du mouvement d’une danse, d’une vie. Ces formes à mi-chemin entre la surface et le volume incarnent la déité femme, exposent la blessure originelle, relatent une beauté surnaturelle, propre « à transporter l’esprit au-delà de lui-même ».

Le corps ici s’engage au présent dans une performance picturale.


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